BULLETIN DE L’HÔPITAL LACOR – HIVER 2020
Cher(e)s ami(e)s,
Alors même que nous écrivons ceci, les décès liés à la COVID-19 s’accumulent partout dans le monde. La perte d’un proche a attristé bien des gens, tandis que d’autres ayant été épargnés s’émeuvent du nombre d’étrangers ayant succombé à la pandémie.
L’Hôpital Lacor a identifié de nombreuses personnes atteintes de la COVID-19. Au moins 30 membres du personnel ont été mis en quarantaine, mais le Lacor a géré plus de 100 cas soupçonnés grâce à la détection précoce et à l’isolement. Dans le processus, il a enregistré douze décès liés au coronavirus. L’augmentation du nombre de patients gravement malades hospitalisés a une incidence sur l’amélioration des soins intensifs. Le Lacor consulte présentement des travailleurs médicaux volontaires qui ont affronté la forte hausse du nombre de malades atteints de la COVID en Italie. Dans le passé, ces travailleurs se sont fréquemment déplacés de l’Italie à Gulu et, grâce à leur longue expérience en Ouganda, ils suggèrent des interventions adaptées au contexte unique du Lacor.
Au Canada, des étudiants en pharmacie travaillant au projet de gestion de la pharmacie, financé par la Fondation Marcelle-et-Jean-Coutu depuis plus de 10 ans, trouvent des moyens d’aider le Lacor en organisant des stages cliniques et des activités de financement virtuels cette année, vu que les déplacements sont limités pendant la pandémie. De plus, notre ami de longue date, le Dr François Couturier, et son équipe de l’Université de Sherbrooke utilisent les connaissances acquises lors de leurs visites en Ouganda pour apporter leur soutien à partir du Canada le temps qu’il demeure impossible de voyager à l’étranger. L’obstacle de la distance est surmonté chaque jour, et beaucoup de gens contribuent généreusement de leur temps et de leurs connaissances pour aider le Lacor.
Dans ce bulletin, vous rencontrerez nos précieux bénévoles canadiens et découvrirez comment un geste simple et généreux fait toute une différence.
Nous vous souhaitons des Fêtes en santé et en sécurité.
L’équipe Teasdale-Corti
Cette longue pandémie nous oblige tous à nous adapter. À l’échelle mondiale, le besoin d’aide augmente mais de nouvelles restrictions créent des difficultés dans les pays en voie de développement. À la Fondation, nous nous adaptons également à ce changement. En lien avec notre projet de gestion de la pharmacie, les étudiants en pharmacie canadiens ont récemment débuté non seulement une formation virtuelle, mais aussi des collectes de fonds en ligne.
Soeur Josephine Hoyelah, pharmacienne en chef du Lacor, encadre des étudiants en pharmacie canadiens de l’Université de Montréal et de l’Université de Toronto dans des séances tenues sur Skype. Les étudiants conçoivent des outils d’éducation des patients, un étudiant de l’Université de Toronto en élaborant un sur l’hypertension et des étudiants de l’Université de Montréal, sur la drépanocytose, l’ulcère peptique, l’infection des voies urinaires et la douleur dorsale. Les étudiants en pharmacie ont commencé par s’entretenir avec des patients, leur posant diverses questions sur leur compréhension. Ensuite, ils ont créé des publications éducatives axées sur les lacunes identifiées. Les premiers résultats de ces séances de formation sont positifs : nous constatons déjà une conscientisation accrue aux interactions médicamenteuses et la prise en charge du rôle de modèle où les patients sont encouragés à transmettre leurs connaissances à leurs pairs.
Pour recueillir des fonds pour le Lacor, Global Medicine Initiative (GMI), une organisation dirigée par des étudiants en pharmacie de l’Université de Toronto, a organisé un gala du 18 au 25 juillet. C’était la première fois que l’événement annuel de GMI se tenait en ligne. Le point culminant du programme était une vente aux enchères silencieuse virtuelle de tableaux et d’une sculpture, mais aussi d’articles sans prix tels que le temps des enseignants. En effet, ce sont les dîners de mentorat virtuel offerts par les professeurs qui ont recueilli le plus de mises. Le gala a permis d’amasser un total de 1 250 $ grâce à de généreux commanditaires et professeurs.
Nos étudiants en pharmacie ne se sont pas arrêtés là. En décembre, ils uniront leurs forces et organiseront une nouvelle collecte de fonds virtuelle. L’objectif est de créer une expérience en ligne fusionnée qui mobilisera davantage de gens à en apprendre davantage sur le bon travail du Lacor. En unissant leurs efforts, ces étudiants comptent amasser plus de fonds encore en offrant aux gens la possibilité de faire des dons. Pour les encourager, visitez www.canadahelps.org/en/pages/rice-krispies
Nous témoignons notre profonde gratitude à l’équipe de la pharmacie du Lacor, à la cheffe de projet Doret Cheng et à la coordonnatrice de projet Caroline Potvin, ainsi qu’aux étudiants en pharmacie canadiens, pour leur capacité d’adaptation et leur dévouement à produire un impact positif sur la santé mondiale. Enfin, nous remercions Mme Marie-Josée Coutu. Sans son soutien indéfectible, les alliances qui ont conduit les étudiants en pharmacie à aider le Lacor à distance auraient été impossibles.
Grâce au Dr François Couturier et à son équipe de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke (UdeS), le Lacor est périodiquement l’hôte de séances de formation clinique supervisée de quatre semaines en médecine familiale à l’Hôpital et dans ses centres de santé communautaires affiliés dans les villages de Pabbo, Amuru et Opit. Au cours des huit dernières années, ce cours facultatif unique a été offert quinze fois, attirant près de 60 professionnels de la santé de partout au Québec, y compris des résidents en médecine familiale et d’autres spécialités, des médecins praticiens et des infirmières autorisées.
Entre autres objectifs, ce stage permet aux apprenants de s’immerger dans une culture médicale différente de la leur, d’apprécier l’impact des déterminants socio-économiques sur les maladies et de se familiariser avec le diagnostic et le traitement de diverses maladies tropicales.
La dernière visite du Dr Couturier sur le terrain a eu lieu du 12 janvier au 8 février 2020. Constituée de deux superviseurs et de quatre résidents en médecine familiale, l’équipe est rentrée au Québec environ un mois avant que l’Organisation mondiale de la santé n’annonce que l’épidémie de COVID-19 passait au statut de pandémie.
La première semaine du stage s’est déroulée à l’Hôpital même. Ce premier arrêt a permis aux stagiaires de se familiariser avec le paludisme, la drépanocytose, le sida et d’autres maladies tropicales. L’équipe s’est ensuite dirigée vers Opit pour une période de 18 jours. Le village est situé à environ 45 minutes du Lacor, sur un chemin de terre. Le centre de santé d’Opit compte quinze professionnels de la santé ougandais à plein temps et environ 25 lits. Les activités de l’équipe de l’UdeS comprenaient des stages et des travaux cliniques en soins externes et à la maternité. Environ 20 patients étaient vus chaque jour dans les tournées. Naturellement, le travail était axé sur les maladies infectieuses et les enfants. La plupart des patients vus par l’équipe de l’UdeS étaient des enfants avec des cas graves. Bon nombre des cas de maladie infectieuse étaient de paludisme avec complications telles que des convulsions, un coma, une septicémie, une anémie ou d’autres. Les stagiaires ont dû s’adapter aux ressources réduites à Opit, ce qui a limité certaines interventions.
L’expérience à Opit s’est révélée très positive. L’équipe locale a clairement montré sa capacité d’offrir d’excellentes occasions d’apprentissage partagé et de collaboration. Le Lacor est très favorable au travail clinique et à l’exposition de son personnel aux pratiques de médecine familiale au fil des ans. L’équipe du Dr Couturier attend maintenant la fin de la COVID-19 pour faire sa prochaine visite sur le terrain. En attendant, celui-ci collabore étroitement avec la Fondation et le Lacor pour déterminer comment son équipe peut, à distance, aider à améliorer les soins prénataux à l’Hôpital et dans ses centres de santé. Pour ce soutien, le Lacor lui est profondément reconnaissant.
Faire du bénévolat ou un don est réconfortant. La compassion se propage, même lorsque nous aidons quelqu’un qui nous est inconnu. Nous aidons pour de nombreuses raisons : croyances religieuses, empathie innée ou nos propres expériences antérieures. Voici l’histoire illustrant comment un cadeau reçu peut devenir un cadeau offert.
Agnes est la mère de Peace, une fillette de 4 ans qui a contracté le paludisme cet été. Agnes a cherché partout le seul villageois à moto. Elle ne le trouvait nulle part et l’état de Peace s’aggravait, avec vomissements et diarrhée. Dans un effort désespéré pour abaisser sa température, Agnes a enveloppé sa fille dans des vêtements mouillés. Elle a appelé un taxi mais n’en a pas trouvé pour la conduire à l’Hôpital Lacor en raison des restrictions des déplacements locaux relatives à la COVID-19. Portant Peace sur son dos, Agnès a donc marché 14 kilomètres jusqu’à l’hôpital. Peace était frissonnante et délirante de fièvre. Son anémie, un effet secondaire du paludisme, était très grave. Peace avait besoin d’une transfusion sanguine urgente. Due à la pandémie, la pénurie de sang à l’Hôpital est plus préoccupante que d’habitude. Trouver une pochette de sang compatible était la seule chance de survie de Peace. La recherche d’un donneur de sang s’est poursuivie toute la nuit. Enfin, William, le père d’un autre enfant hospitalisé, a offert de son sang. Au grand soulagement de tous, ce sang était compatible. Le cadeau de William a ainsi insufflé une nouvelle vie à Peace. William avait regardé Peace avec compassion, mais sa générosité était également influencée par sa propre expérience un an auparavant. « Au cours de la dernière saison des pluies, quelqu’un d’autre a donné du sang pour sauver la vie de mon fils. Aider Peace était la bonne chose à faire », dit-il.
De tels moments se produisent régulièrement au Lacor. Que ce soit d’un parent, d’un membre du personnel ou d’un donateur international, la compréhension de l’urgence des besoins d’autrui et le souci de la survie d’un étranger sont des cadeaux qui font toute la différence en temps de crise.