BULLETIN DE L’HÔPITAL LACOR – PRINTEMPS 2021
Au début, le confinement imposé en raison de la COVID-19 a considérablement restreint les transports en Ouganda, compliquant les déplacements de nombreuses personnes malades ou aggravant la maladie de celles qui n’ont pu se rendre à l’hôpital. De plus, par crainte d’être infectés par le coronavirus à l’hôpital, des malades ont limité leurs visites de consultation.
Toutefois, après l’annonce que l’hôpital de Gulu a été désigné comme centre de traitement de la COVID-19, le Lacor a pu dispenser des soins pour la plupart des autres problèmes de santé des patients. Plus tard dans l’année, le gouvernement a informé la population que le Lacor recevrait les cas de COVID-19 les plus lourds vu qu’il est le seul à posséder l’équipement nécessaire à la production et à la distribution d’oxygène dans le nord du pays.
Le Dr Emmanuel Ochola, épidémiologiste, biostatisticien et chef du service de VIH, de la recherche et de la documentation, rappelle que le Lacor avait déjà traité l’Ebola en 2000. L’épidémie d’Ebola avait frappé l’Hôpital et causé le décès du Dr Matthew Lukwiya et de certains courageux collègues. Depuis lors, le Lacor continue de maintenir des protocoles pour réagir aux urgences épidémiologiques qui se produisent malheureusement avec une certaine régularité dans les pays d’Afrique équatoriale.
Ce numéro vous présente deux cas survenus récemment à l’Hôpital, ainsi que quelques données de la dernière année financière du Lacor.
Nous vous souhaitons un beau printemps en sécurité,
L’équipe Teasdale-Corti
Le cancer le plus fréquent chez les enfants dans la région est le lymphome de Burkitt, particulièrement agressif. Chaque année, le Lacor accueille en pédiatrie une moyenne de 200 enfants cancéreux, dont près de la moitié sont atteints de ce lymphome. Grâce au traitement gratuit offert au Lacor, environ 70 % des enfants frappés par cette maladie sont en rémission partielle, sinon complète. C’est une réussite, si l’on considère qu’en Afrique subsaharienne, seuls 40 à 60 % des enfants qui en sont atteints survivent, comparativement à 75 à 90 % de ceux traités en Occident.
Le lymphome de Burkitt peut être traité, mais seulement si les patients arrivent tôt dans un hôpital, comme le Lacor, qui peut immédiatement fournir un diagnostic et un traitement.
Anyango est arrivée au Lacor accompagnée de son frère aîné. Orphelins, ils vivent avec un oncle qui n’a pas pu les accompagner pour ne pas quitter les champs assurant leur subsistance. Anyango avait la mâchoire enflée depuis un an, mais personne ne s’en souciait. Ce n’est que lorsque l’abdomen et les jambes de l’enfant se sont gonflés et qu’elle a eu de la difficulté à respirer que l’oncle a envoyé les deux enfants au Lacor afin d’obtenir de l’aide.
À l’arrivée d’Anyango au Lacor, sa maladie était très avancée. Son coeur et ses poumons baignaient dans du liquide, et une biopsie a confirmé le lymphome de Burkitt. Admise en pédiatrie, Anyango a entrepris une chimiothérapie et a rapidement pris du mieux. Elle respirait plus facilement, et son visage a désenflé. Heureusement, une résidence familiale au Lacor héberge les enfants en thérapie anticancéreuse et voit également à leur éducation. Anyango a terminé sa thérapie dans cette résidence, tandis que son frère est rentré au village pour reprendre l’école et aider aux champs. À ce jour, la fillette ne montre plus de signes de lymphome.
Le programme de traitement intégral d’Anyango se compose de six séances de chimiothérapie qui coûtent environ 100 $ chacune ; au total, pour la chimio seule, le Lacor a besoin d’approximativement 600 $ pour chaque enfant atteint du lymphome de Burkitt. Ce montant est exorbitant dans un pays comme l’Ouganda, où plusieurs personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté.
Vos dons au chapitre Femmes et enfants de la campagne Faites partie de l’Histoire sont très appréciés par les patients, parce qu’ils couvrent notamment les frais de soins pédiatriques, comme ceux qu’Anyango a reçus.
« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin! » Ce proverbe africain illustre bien la mission de l’Hôpital Lacor, de la Fondation Teasdale-Corti et de ses nombreux donateurs.
Avant l’arrivée de la COVID-19, les huit lits de l’unité de soins intensifs du Lacor desservaient tout le nord de l’Ouganda. En moyenne, quatre patients par semaine étaient hospitalisés pour diverses raisons, p. ex., une infection très grave, une morsure de serpent, une complication obstétricale ou une obstruction des voies respiratoires. Avec l’avancée du virus, on a mis en place une unité de soins intensifs COVID-19 de quatre lits avec un personnel dédié.
Nancy Fortunate Akello, infirmière aux soins intensifs COVID -19 au Lacor, se souvient bien de Mego Anek, patiente âgée du village d’Atyang, dans le district d’Omoro. Diabétique, elle avait une saturation en oxygène de 70 % et avait été déclarée positive à la COVID -19.
Nancy avait peu d’espoir de voir Mego se rétablir vu son état et son âge avancé. « À notre grand étonnement, en peu de temps, Mego a commencé à montrer des signes d’amélioration », dit Nancy. « Elle était malade, mais gaie et pleine d’énergie. Elle souriait toujours et était très bavarde ». Finalement Mego s’est bien rétablie.
L’un des traitements ayant sauvé Mego a été de lui administrer de l’oxygène. L’apport rapide d’oxygène dans les poumons des malades fait la différence entre la vie et une mort certaine causée par le coronavirus. Un investissement important au Lacor a permis l’administration d’oxygène au chevet du patient. L’approvisionnement constant en oxygène est la contribution la plus importante permettant de survivre à une pneumonie grave à la COVID.
Jacopo Barbieri, ingénieur en énergie et directeur technique du Lacor, note que ce dernier est l’un des rares hôpitaux de cette région d’Afrique à produire de l’oxygène et à l’administrer au chevet du patient. Cela est possible grâce à un système de distribution dans les services de pédiatrie, de médecine générale, de soins intensifs, de chirurgie, de premiers soins, de soins COVID et d’isolement, ainsi qu’au bloc opératoire.
Grâce à votre soutien au chapitre des Soins généraux de la campagne Faites partie de l’Histoire, des patients comme Mego Anek peuvent recevoir des soins spécialisés de qualité. Chaque don dans ce volet aide le Lacor à subventionner entre autres le traitement pour les jeunes, les adultes et les personnes âgées atteintes de paludisme, du sida, de tuberculose, de maladies cardiovasculaires, du diabète, de cirrhose et d’autres maladies.
Depuis soixante ans, l’Hôpital Lacor a gagné la confiance des gens grâce à la qualité de ses soins et au dévouement de son personnel. Une fois de plus, durant l’exercice 2019-2020, le Lacor s’est avéré un hôpital de prédilection pour les femmes et les enfants. En effet, huit personnes sur dix qui demandent assistance et traitements sont des femmes ou des enfants de moins de six ans.
En tout, l’Hôpital Lacor a traité 233 148 patients, dont 34 560 qui ont été hospitalisés. Il s’agit d’une baisse globale de 14 % par rapport à l’exercice précédent, laquelle est principalement attribuable à une réduction de la fréquentation liée à la COVID-19. Toutefois, le nombre total de patients admis a été élevé par rapport aux établissements avoisinants, en particulier les enfants et les mères, ainsi que pour les soins d’urgence et les consultations de services spécialisés, ce qui démontre bien la complémentarité du Lacor dans le système de santé.
Le Lacor, excluant ses écoles, coûte annuellement 8,5 millions de dollars canadiens. Ces dernières années, l’hôpital a fait face à une augmentation de ses coûts due à une hausse rapide du taux d’inflation et à un accroissement du taux de change. La plupart des coûts du Lacor sont couverts par des dons provenant de l’étranger. La contribution des patients est symbolique. Malheureusement, le gouvernement ougandais n’est pas en mesure actuellement de mettre en place un système d’impôts comme celui du Canada pour couvrir les coûts de soins de santé de la population. Le Lacor et ses patients remercient donc tous les donateurs à l’étranger pour leur appui. Sans vous, le Lacor ne pourrait pas exceller comme il le fait et soigner autant de personnes année après année.